❝CHAPITRE I❞

U.C
« Maïwenn, pose-moi ce fusil ! » Sa voix m'avait fait frissonner. C'est Autumn, maman, Autumn. Avais-je envie de dire. J'étais dans ma chambre, cherchant à comprendre comment cette chose pouvait procurer à mon père autant de fierté. Mon père, il se battait "pour notre pays", m'avait-on dit. Pour notre sécurité, notre liberté. Toujours la même phrase, toujours le même ton. Ce ton compatissant, nostalgique. Je voyais bien que personne ne voulait vraiment m’expliquer ce qu'il faisait, mon père. Non, j'étais une gamine, je n'avais aucunement à savoir ce que foutaient des kalachnikovs encadrées dans le salon. « Aller, bonne nuit mon cœur, viens me faire un bisou. » Autumn, c'est comme ça qu'il m’appelait, mon père.


« Autumn ?! Bordel de merde, tu t'fous de ma gueule ?! » La voix de Zachary résonnait dans ma tête. Elle résonnait, résonnait, résonnait.. jusqu'à s'effacer complètement. Ta gueule Zach. Il devait être lassé de devoir me ramasser dans les chiotes du lycée complètement défoncée. Non, ce n'était pas la première fois. La drogue était mon seul réconfort. Quand je consommais, je me sentais complètement libre, heureuse. Tout ça ne se serait sans doutes jamais passé si j'avais eu mon père auprès de moi. S'il n'avait pas oublié 14 ans de ma vie, chacun de mes anniversaires, de mes spectacles, de mes bonnes notes, s'il n'était pas mort. A chaque fois, Zachary était là à me faire la morale, à essayer de me remettre sur le droit chemin. Plutôt difficile, quand on ne vaut pas mieux. J'étais à peine arrivée à Pittsburgh je m'étais fait une réputation de droguée, de dangereuse. Car oui, après la mort de mon père, ma mère à voulu tout reprendre, tout recommencer. « Tu pues. » Que c'était bon, cette impression de voler.


UC.

Je regarde les gens passer, les enfants courir, nourrir les cygnes du lac. Je souris, je suis heureuse. Seule, sur mon banc, dans ce parc. Ma guitare est déposée à côté de moi, j'allume un joint dont la fumée forme un joli nuage au-dessus de ma tête. La fumée sort de ma bouche entre-ouverte et ma tête se pose lentement contre le dossier du banc. A chaque tirées, je soupire d'aise, je me sens bien. Mes yeux décident enfin de s'ouvrir lentement. J'ai envie de rire. Un sourire vaguement tordu éclaire mon visage, la Pennsylvanie. J'en avais rêvé pendant des nuits entières sur pelouse à l'herbe légèrement humide. Cette pelouse qui me servait de lit depuis maintenant une semaine. Pendant la nuit, une légère brise caressait de temps en temps mon visage et me laissait comme signature, un sourire de béatitude. Les étoiles dansaient devant mon visage et me berçait doucement. J'étais à Pittsburgh.